vendredi 24 juillet 2009

Mission sur le canal des pangalanes

Le soleil se lève à peine sur Mananjary, 5h30, rendez-vous avec mon binôme au stationnement des canots.

Le bateau doit partir tôt parait-il,je me méfie toujours un peu de ce genre de remarque temporelle… Les yeux tout collés, on m’indique dans quel canot je dois partir. Je quitte mes kappas (sandales) pour rejoindre l’échelle en passant par une eau noire de détritus entassés. Je zigzague le long du bateau, entre les sacs de riz, les ballots de fripes et les valises des voyageurs. Sur le côté arrière je serai bien pour admirer le paysage.

Puis c’est l’attente… des passagers… et des marchandises. 8h30 : moteur allumé, nous voguons maintenant sur le canal des pangalanes ! Nous serons dans 5h à Ambohitsara. Là-bas 8 stagiaires et un Directeur d’école attendent notre venue.

Demain, notre programme est chargé. Nous devons observer tous ces élèves en situation de gestion et réaliser un entretien avec chacun d’entre eux. C’est la dernière période de stage pour nos élèves, ils ont maintenant l’entière responsabilité de leur classe. Notre statut de formateur d’enseignant fait que nous sommes accueillis comme des princes, ou plutôt nous sommes des vahiny comme le disent les malgaches. Le protocole veut que le Maire, le Directeur et le chef de tribu nous souhaitent la bienvenue dans leurs propres demeures. On est en brousse ici, dès que je sors des cases, des enfants se regroupent autour de moi pour m’observer. Je suis blanche et j’ai les yeux verts, ce n’est pas commun ici !!

J+2 : attente de l’embarcation qui nous ramènera vers Mahela, village de pêcheurs. Entassés dans le canot, nous accostons 2h30 plus tard au milieu de nulle part….

Nous attendons nos élèves sur place qui doivent venir nous chercher, c’est l’occasion pour moi de faire un brin de toilette dans le canal. En plus de nos bagages initiaux nous transportons maintenant une poule gentiment offerte par le Maire de Ambohitsara.

Mahela se trouve à 30 minutes de marche de là. On nous fait faire un détour pour que je découvre les richesses naturelles locales : au milieu des forêts de Ravenala deux piscines naturelles magnifiques très connues historiquement puisqu’on dit que c’est ici que les premiers indonésiens qui ont débarqué sur l’île venaient se laver.

Nous arrivons enfin à Mahela, petit village très animé. Les élèves placés ici sont bien contents, ils m’expliquent qu’ils passent leurs temps libres à pêcher et que le Directeur de l’école est DJ à l’occasion des bals organisés au village !

En arrivant sur la place principale du village, on peut observer une gigantesque encre et une marmite remplie par la chaîne de l’encre. C’est l’encre du bateau de Jean Laborde, célèbre colon aventurier qui a accosté ici le 8 novembre 1831 et qui deviendra le premier consul de France à Madagascar.

Les élèves m’emmènent en balade avant la nuit. En longeant la plage, nous arrivons à l’embouchure du lac du canal des pangalanes (Ndlr : oui, je sais, c’est difficile à imaginer !!) où les pêcheurs vendent le poisson qu’ils viennent de ramener en pirogue. Le soleil se couche, la lumière est magnifique…

J+3, le suivi des élèves à Mahela s’est terminé à 13h, nous devons maintenant rejoindre Tanandava qui se trouve de l’autre côté du lac, vers l’ouest. Les deux villages sont séparés par ce grand lac où les légendes malgaches sur les esprits sont multiples. Ici, pas de canot pour traverser, le seul moyen est de rejoindre Tanandava par pirogue. Un trajet de 45 minutes environ. 14h30, le temps est mitigé… nous préparons quand même les deux pirogues qui nous amèneront à destination. Pour protéger les bagages, une caisse en feuilles de bananier est improvisée. Nous débutons le voyage et la pluie commence à tomber. Bientôt, nous sommes trempés et à mi-parcours seulement…

Nous posons un pied sur le sol de Tanandava, lavés par une pluie divine. Là, nous attendons le Directeur de l’école mais personne ne vient… 1h plus tard, au sec, il vient nous souhaiter la bienvenue mais l’accueil est plutôt étrange… il pue le toaka gasy (rhum local) et manque de me serrer la main tellement il ne tient pas sur ses jambes !

On me loge dans une case qui a vue sur le lac, Fanalo préfère dormir dans sa maison familiale car Tanandava est son village natal. Je ne suis pas trop rassurée à l’idée de dormir toute seule d’autant que la case du Directeur est à deux pas de là mais mon inquiétude s’estompe vite quand je découvre les verrous sur les portes d’entrée !

Au sein de l’EPP de Tanandava, tout tourne de travers, même nos stagiaires présents sur place ont réussi à se bagarrer suite à une soirée trop arrosée. On est obligé de les rappeler à l’ordre mais on sait bien qu’avec l’exemple du Directeur c’est difficile d’être crédible… C’est là qu’on voit vraiment les méfaits de l’alcool artisanal à Madagascar. J’ai pu y goûter par la suite et je vous assure que pour 100 Ariarys le verre (soit 0,003 centimes d’euros) c’est une dose d’alcool à désinfecter votre estomac saupoudrée d’un bon mal de tête que vous ingurgitez !! N’empêche que pour tous les élèves de cet établissement qui passeront par la classe de Monsieur le Directeur c’est un vrai suicide éducatif.

La dernière étape du suivi a été quelque peu inspirante sur les savoirs être à transmettre à mes élèves afin qu’ils soient de bons enseignants… Fanalo souhaite rester le week end dans sa famille, deux de mes élèves m’accompagnent en pirogue jusqu’à une berge où les canots s’arrêtent pour prendre les voyageurs. Nous restons là suffisamment de temps pour se demander si un canot va réellement passer… on commence à entendre les mirages du bruit des moteurs des bateaux ! C’est 17h environ lorsque j’embarque dans un canot bien rempli. Je garde un très bon souvenir du voyage retour certainement parce que j’étais la seule vahaza dans le bateau et que tout le monde s’est mis à me raconter des histoires. Lorsque nous nous approchons de Mananjary, le canot se transforme en karaoké, nous chantons la marseillaise ( !!) et d’autres chansons réputées à Madagascar de Céline Dion et Cabrel… mais le plus grand fou rire collectif a eu lieu lorsque je me suis mise à chanter en yaourt les chansons malgaches que je connaissais !

Il est 21h30, nous arrivons à Mananjary.

Marie

1 commentaire:

  1. Bonjour Marie,

    C'est ta cousine Géraldine qui t'écrit en direct de Paris. Je suis chez moi ce matin, nous sommes samedi 25 juillet et toute la smala a débarqué ici : papi Dédé, mamie Pauline, Séréna et Lucile. Autant te dire que Franck est ravi :-)

    C'est avec plaisir et envie que nous venons de lire ton dernier article!

    Nous espérons que tout va bien pour toi et que tu profites pleinement de cette expérience unique et surement magnifique (nous n'en doutons pas).

    Papi te propose de t'envoyer les deux sales gosses pour les faire manger par les crocrodiles :-)

    Nous t'embrassons très fort et nous avons hate de lire ton prochain article.

    Bisous
    Géraldine, Franck, tonton dédé, tatie pauline, Séréna, Lucile.

    PS: Mamie vient de me dire qu'elle veut avoir le lien sur ton site pour aller le voir tous les jours.

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